Les actualités

Interview | Othman Mahfoud (promo 2011)

Othman Mahfoud est le co-créateur et directeur d’atelier séquenciers du nouveau feuilleton de TF1 « ICI TOUT COMMENCE ». Il a écrit principalement pour la télévision (« DEMAIN NOUS APPARTIENT », « UNE lire la suite


Othman Mahfoud est le co-créateur et directeur d’atelier séquenciers du nouveau feuilleton de TF1 « ICI TOUT COMMENCE ». Il a écrit principalement pour la télévision (« DEMAIN NOUS APPARTIENT », « UNE FAMILLE FORMIDABLE », « SECTION DE RECHERCHES ») après avoir été pendant plusieurs années consultant et chargé de développement pour le département de la production internationale de STUDIOCANAL. Il a enseigné le scénario au CEEA, à l’INA et à l’ESRA.

  • Ton expérience passée de lecteur et consultant pour STUDIOCANAL France et STUDIOCANAL UK te sert-elle dans ton métier de scénariste ?

Tout à fait. J’ai travaillé cinq ans à STUDIOCANAL en tant que chargé de développement sur des scénarios avant d’intervenir comme lecteur et consultant pour eux. Cette expérience m’a permis de travailler sur le développement de plusieurs centaines de projets à la fois français et internationaux. A force de lire et de travailler sur des scénarios écrits par d’autres, on repère vite les forces et faiblesses d’un scénario et on progresse très vite sur sa propre écriture. Ça amène aussi une capacité à comprendre tous les genres, puisque j’ai travaillé aussi bien sur des développements de polars, des films d’action, que sur des drames sociaux et des comédies romantiques... ça m’est très précieux aujourd’hui, par exemple, pour l’écriture d’un feuilleton comme « ICI TOUT COMMENCE » qui mélange en permanence plusieurs intrigues avec des genres différents au sein d’un même épisode.

  • En quoi ta formation au CEEA t’a aidé à démarrer dans ce métier ?

La première qualité de la formation au CEEA est qu’elle se fait en groupe et qu’on apprend très vite l’importance de travailler avec les autres quand on est scénariste. C’est une grosse erreur qu’on peut faire quand on démarre, croire que l’on va y arriver en écrivant tout seul dans son coin. Le métier de scénariste est par essence un travail de collaboration : avec d’autres scénaristes, des producteurs, des réalisateurs.... La deuxième qualité de la formation au CEEA est que les professeurs sont des scénaristes en activité. Ils m’ont à la fois formé et mis le pied à l’étrier. Certains professeurs que j’ai eu m’ont ensuite contacté pour rejoindre des séries. J’ai aussi signé ma première option avec une série que j’avais développé au CEEA, et qui ne s’est finalement pas faite, mais m’a ouvert pas mal de portes. Globalement, le CEEA a été vraiment décisif dans ma carrière.

  • Tu viens de passer récemment de scénariste sur « DEMAIN NOUS APPARTIENT » à co-créateur du nouveau feuilleton de TF1, « ICI TOUT COMMENCE ». Fais-tu toujours le même métier ? Quelles sont les compétences à avoir selon toi pour travailler sur une série quotidienne ?

C’est vraiment un nouveau challenge puisque je suis un des co-créateurs de la série avec Eric Führer, le directeur de collection, Coline Assous, la directrice des arches, et Chloé Glachant, la directrice des dialogues. Cela a été un travail titanesque pour créer ce feuilleton quotidien, surtout que dès le départ le mot d’ordre était de créer un feuilleton quotidien qui soit totalement différent des autres, plus moderne, plus jeune, plus novateur dans les thèmes et les personnages. Contrairement à une création de série « classique », dans le cas d’un feuilleton quotidien il faut concevoir une arène avec des personnages suffisamment riches pour qu’ils puissent nourrir des centaines voire des milliers d’épisodes. Et le travail ne s’arrête pas à juste écrire une bible, des arches ou un pilote. Il faut aussi constituer l’équipe d’écriture, l’encadrer, mettre en place les choses pour que chaque semaine cinq épisodes soient écrits. Contrairement à une série classique, une quotidienne est un train qui ne s’arrête jamais !

Pour les compétences essentielles pour travailler en quotidienne je dirais la rapidité : on écrit avec des deadlines serrés donc il faut être très vif, très rapide. Deuxième qualité : il savoir travailler en équipe, rebondir sur les idées des autres, être souple. Enfin, dernière qualité : aimer le soap. Il est impossible d’être un bon scénariste de quotidienne si on le fait sans y croire, en dilettante.

  • Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un jeune diplômé du CEEA ?

Être pragmatique, connaître le marché, c’est bien. Mais en même temps, ce qui va vous différencier de la masse des scénaristes c’est l’originalité de vos projets. Donc il ne faut pas faire trop de compromis en imaginant que « c’est ce que les chaînes veulent » parce que souvent vous vous planterez complètement sur ce point. Il vaut mieux écrire des choses en lesquelles vous croyez. Même si vous n’arrivez pas à les faire produire, si c’est original, bien écrit, que l’on sent la patte d’un auteur, cela va donner envie aux producteurs, réalisateurs, et aux chaînes de travailler avec vous. Et au final vous amener sur d’autres projets qui vont vous permettre de démarrer votre carrière.