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Interview | Nacim Mehtar (promo 2017)

Formé au CEEA, Nacim Mehtar (promo 2017) a écrit deux unitaires pour Arte, « LA FIN DE L’ÉTÉ » et « RAMDAM », participé à l’écriture de la saison 2 d’ « UNITÉ 42 », la série « EN THÉRAPIE » et « DISPARU À lire la suite


Formé au CEEA, Nacim Mehtar (promo 2017) a écrit deux unitaires pour Arte, « LA FIN DE L’ÉTÉ » et « RAMDAM », participé à l’écriture de la saison 2 d’ « UNITÉ 42 », la série « EN THÉRAPIE » et « DISPARU À JAMAIS », l’adaptation en mini-série du livre éponyme d’Harlan Coben (diffusion courant 2021) pour Netflix.
Actuellement, il développe plusieurs projets de série et un unitaire pour Arte « LA COUR » avec Victor Jestin (promo 2017).

  • Le scénario du long métrage « LA FIN DE L’ÉTÉ », que tu as écrit dans le cadre de ton cursus au CEEA, a très vite été produit à ta sortie du Conservatoire en 2017, puis diffusé sur Arte en 2019. Cette première réussite t’a-t-elle ouvert des portes par la suite ?

J’ai vécu un peu un conte de fée avec cet unitaire. Lorsque je l’écrivais au CEEA encadré par Alain Layrac, jamais je n’aurais pu imaginer qu’il serait un jour réalisé, je me disais seulement que ça pourrait me faire une bonne carte de visite auprès des producteurs, pour leur donner une idée de mon « univers », bien que le mot soit un peu pompeux. Mais voilà, j’ai eu la chance d’avoir dans mon jury Arnaud Jalbert qui venait de quitter Arte pour se lancer dans la production. Il a tout de suite cru au projet et l’a optionné dans la foulée. Deux ans plus tard, le film était diffusé. Il y a eu un bon alignement des planètes, c’est un aspect non négligeable de notre métier, la chance. Mais je pense qu’on finit tous un jour ou l’autre par se trouver au bon endroit, au bon moment, il faut se tenir prêt à saisir l’occasion quand celle-ci se présente.
Pour autant, cet unitaire ne m’a pas ouvert les portes du métier, pas de manière directe. Tout cela met du temps à se faire avant que ça soit diffusé, et en attendant tout le monde se fout que vous ayez signé un unitaire en développement pour une chaine. Signer une option, gagner un FAIA ou n’importe quelle bourse c’est avant tout précieux pour l’auteur, ça donne confiance. On se dit ok, j’ai peut-être ma place.
L’année de ma sortie ce sont Vincent Robert et Vincent Poymiro, que j’avais eus comme intervenants, qui m’ont recommandé sur des projets pros. C’est à eux que je dois d’avoir tout de suite travaillé, davantage qu’à la signature de mon unitaire. Même si par la suite celui-ci m’a donné du crédit auprès de producteurs et diffuseurs, c’est indéniable.

  • Tu fais partie des scénaristes de la nouvelle série à succès « EN THÉRAPIE », diffusée sur Arte. Comment as-tu été amené à écrire sur cette adaptation ? Peux-tu nous en dire plus sur ton rôle dans l’écriture de la série et du personnage de Camille, et sur ta collaboration avec les autres scénaristes ?

Encore une fois, c’est Vincent Poymiro qui m’a proposé de passer le casting d’auteurs d « EN THÉRAPIE ». Avec David Elkaïm, ils étaient les showrunners de la série et cherchaient trois auteurs pour les épauler dans cette tâche titanesque : écrire 35 épisodes à partir des 45 de la série originale et tout ça en 4 mois !
Pendant 2 mois en atelier, nous avons adapté la série à la France post 13 novembre et refait complètement les arches de chaque personnage, puis chacun en a choisi un et a écrit dans son coin ses épisodes. Je ne rendais des comptes qu’à David et Vincent. J’ai choisi Camille instinctivement, ce n’était sans doute pas étranger à mon goût pour les personnages adolescents, déjà au premier plan de mon unitaire « LA FIN DE L’ÉTÉ  ». Tout se recoupe.

  • Tu collabores également avec Victor Jestin (promo 2017) sur le scénario de « LA COUR », un unitaire pour Arte. Comment se déroule cette collaboration ?

C’est très différent, avec Victor, nous sommes dans une co-écriture classique, on travaille de notre côté et nous livrons au producteur puis à la chaine qui nous fait ses retours en direct. Pour les séries sur lesquelles j’ai travaillé, mes seuls interlocuteurs étaient les showrunners ou la directrice de collection, jamais la production. C’est à la fois plus confortable et plus frustrant. Plus agréable parce que vous n’avez pas sur vos épaules la pression et autres retours complexes de la chaine, mais plus frustrant, car vous n’avez pas le dernier mot sur vos textes, vous vous arrêtez souvent à une V2/V3 de votre épisode dialogué. La plupart du temps, les modifications qu’apportent vos chefs sont meilleures, mais des fois, vous n’êtes pas d’accord, et là, il faut bien comprendre que vous n’aurez pas le choix et c’est bien normal, pour que la série ait du sens, il faut une direction unique. Donc vous ravalez votre égo et vous vous promettez d’être un jour le patron de votre propre série. Et quand enfin cette opportunité arrive, vous vous rendez compte des contraintes et du travail pharaonique qu’implique de diriger une série, vous vous mettez alors à songer au doux temps où vous étiez un auteur parmi d’autres au service du showrunner. J’ai l’impression qu’on est de toute façon toujours un peu frustré, mais ça doit être pareil dans tous les métiers.

  • Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un jeune diplômé du CEEA ?

Respirez, tout va bien se passer ! Cet été, ça fera quatre ans que je suis sorti et la majorité de ma promo travaille et gagne sa vie avec ce métier et c’est pareil pour les autres années. Ça peut prendre plus ou moins de temps, mais si vous êtes au CEEA c’est que vous êtes à la bonne place. En rentrant, Isabelle Blanchard nous avait dit que l’école nous ferait gagner 10 ans pour vivre de ce métier, force est de constater que c’est vrai ! On ne s’en rend pas forcément compte, mais en sortant du CEEA, on a acquis une capacité de travail pas si répandue chez les auteurs professionnels en activité. De mon point de vue, l’écriture est un muscle, après deux ans de formation intensive, vous êtes en pleine capacité, prêt à intégrer le monde du travail. Le CEEA, c’est l’antichambre du monde professionnel. Si j’ai un conseil à donner, c’est de ne pas se reposer sur ses lauriers et dès la sortie de l’école, faire des stages, postuler à des bourses, travailler sur n’importe quel projet, garder une forme olympique, pour filer la métaphore sportive.