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Interview | Marine Lachenaud (promo 2011)

Marine Lachenaud, scénariste diplômée du CEEA en 2011.
Marine Lachenaud écrit principalement pour la télévision à la fois pour l’animation comme auteur (« LES AS DE LA JUNGLE A LA RESCOUSSE », « FURIKI », lire la suite

Marine Lachenaud, scénariste diplômée du CEEA en 2011.

Marine Lachenaud écrit principalement pour la télévision à la fois pour l’animation comme auteur (« LES AS DE LA JUNGLE A LA RESCOUSSE », « FURIKI », « ERNEST & CÉLESTINE, LA COLLECTION », « IMAGO »), comme directrice d’écriture (« DRONERS ») et pour la fiction (« VORTEX »). Elle enseigne également le scénario à l’école La Poudrière. Elle est membre de la commission FAIA au CNC

  • Que retiens-tu de tes études au CEEA ?

Que l’écriture peut être un véritable travail de collaboration. Les ateliers d’écriture au CEEA permettent d’échanger autant avec les intervenants qu’avec les autres étudiants. Je trouve que c’est une grande chance d’avoir pu bénéficier de ce cadre très professionnel et bienveillant pour faire ses premiers pas dans l’écriture du scénario. Cela m’a appris à écouter et analyser les retours que l’on pouvait me faire sur mes travaux. A prendre du recul pour mieux retravailler. Je pense que c’est le deuxième point que j’ai appris au CEEA, que l’écriture est surtout de la réécriture. Qu’on affine l’histoire et ses personnages à chaque nouvelle étape. J’en retiens aussi de très belles rencontres avec les intervenants, notamment Claire Paoletti avec qui j’ai découvert l’écriture en animation. Ce qui a été une vraie révélation pour moi !

  • Tu travailles beaucoup avec des co-auteurs. Qu’est-ce qui te plait dans l’écriture à plusieurs ?

En duo, on a deux fois plus d’idées, deux fois plus d’énergie et on bénéficie d’un autre point de vue que le sien sur l’histoire qu’on raconte. Cela enrichit énormément le travail. Par ailleurs, on rigole aussi beaucoup plus (et ça, c’est quand même important !). Cependant, il me semble qu’il faut aussi trouver le bon co-auteur ce qui n’est pas forcément évident. Pour ma part, j’écris beaucoup avec mon frère qui est réalisateur en animation. C’est vrai que cela rend le travail plus facile. Nous avons les mêmes références, la même vision globale de l’histoire que l’on écrit et le fait qu’il soit réalisateur m’apporte un véritable complément dans mon travail d’écriture. C’est ce que je préfère, je pense, la complémentarité que peut m’apporter un autre scénariste, on apprend beaucoup des autres auteurs !

  • Est-ce que tu écris de la même manière pour de l’animation que pour de la fiction ? En animation, le graphisme influence-t-il ta manière d’écrire ?

En ce moment je travaille en parallèle sur un projet d’animation et un autre de fiction. Et j’ai pu constater qu’il y avait assez peu de différence entre les deux genres, techniquement parlant. En animation, on aura peut-être plus tendance à privilégier l’image que le dialogue, à penser au storyboardeur qui recevra notre script et devra le mettre en scène. On va s’appliquer à lui donner les infos dont il a besoin et aussi à respecter les contraintes de l’animation afin que l’équipe technique ne se retrouve pas avec des plans impossibles à réaliser. Mais au final, cela me semble être la même problématique que dans l’écriture de fiction « live », l’important c’est de rester cohérent dans la narration, avec le personnage... Je dirais que la différence d’écriture entre animation et fiction « live » réside plus dans le contenu, ce que l’on raconte et à qui l’on s’adresse (les tout-petits, les 6-8 ans, les adultes…). Mais, pour moi, animation ou fiction c’est la même exigence de travail. Pourtant, à ce jour il y a très peu de ponts entre le monde de l’animation et le monde de la fiction « live », ce que je trouve regrettable.
En ce qui concerne le graphisme, sur les séries TV en animation on écrit souvent plusieurs épisodes avant même d’avoir vu la plupart des dessins. On a une direction artistique globale mais pas d’images des décors détaillés, qui arrivent en cours de production. Je suis assez sensible à la direction artistique par rapport à la comédie. Cela m’influence souvent sur le type d’humour que je vais pouvoir mettre en place : si c’est un style très cartoon, jap anim, poétique… mon écriture sera différente.

  • Comment travailles-tu avec les différents acteurs impliqués dans le processus de création d’une série animée ?

En tant qu’auteur, on a peu de lien avec l’équipe technique et artistique (la production, le réalisateur, la chaîne…), on travaille en relation directe avec le directeur ou directrice d’écriture. C’est lui ou elle qui nous transmet les retours de l’équipe sur notre texte, qui nous aide à le retravailler pour obtenir une histoire cohérente avec le cadre de la série sur laquelle on écrit. En tant que directrice d’écriture, par contre, on est vraiment en lien avec tout le monde. Et quand toute l’équipe est vraiment dans une optique de collaboration, c’est super. Sur « DRONERS », la série de Sylvain Dos Santos (intervenant au CEEA), j’ai vraiment pu profiter de ce cadre. Pouvoir travailler les textes en amont avec le créateur de la série et le réalisateur, c’est un vrai plus. Cela a permis d’accorder notre vision de la série et de l’enrichir. On travaille aussi avec les conseillers artistiques des chaînes, cela fait beaucoup d’interlocuteurs et il faut garder le cap de la série. Si l’équipe (des auteurs, au réalisateur en passant par le producteur) vous soutient, on a beaucoup plus de chance d’y parvenir.

  • Tu diriges aussi des ateliers au CEEA. Comment abordes-tu cet aspect de ton travail ?

J’ai commencé par diriger un atelier d’écriture en animation (écrire un script d’une série d’animation existante) et maintenant j’interviens sur un atelier concernant la création de série en animation. Dans les deux cas, j’aborde ce travail comme dans le cadre professionnel, comme je le ferais avec les auteurs que je pourrais diriger sur une série. Évidemment avec plus de pédagogie. J’essaye de décrire le cadre qui peut exister dans l’écriture d’animation (contraintes techniques, prise en compte de l’écriture pour un public d’enfants) mais aussi j’engage les étudiants à ne pas se brider dans la création de leur concept et surtout l’écriture de leur script pilote. En animation on peut faire tellement de choses ! C’est aussi important pour moi de leur expliquer la chaîne de production, comment on fabrique une série techniquement. De ne pas m’en tenir qu’au travail d’écriture car en animation, plus que dans tout autre genre, on n’est pas tout seul face au film ou à la série.

  • Peux-tu nous parler de tes projets récents ?

Sur TF1 est diffusée en ce moment la série d’animation « DRONERS », pour laquelle j’ai dirigé l’écriture des 26 épisodes. Sinon, j’écris sur une fiction, « VORTEX », la série de Camille Couasse (promo 2012) et Sarah Farkas, d’après un concept de Franck Thilliez. C’est une superbe série polar/fantastique de 6x52’ pour France 2. Et je développe actuellement l’adaptation d’une BD, « LA ROSE ECARLATE », en série d’animation avec Claire Paoletti pour Canal +. Pour finir, je développe une série d’animation originale que j’ai co-créée avec mon frère Cédric Lachenaud, chez Blue Spirit.

  • Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un jeune diplômé du CEEA ?

De ne pas hésiter à s’informer, à poser des questions. Administrativement et juridiquement parlant c’est quand même bien compliqué le statut d’auteur, même si au CEEA on aborde ces questions en fin de deuxième année. Il y a des pratiques qui ne sont pas acceptables et, quand on est jeune auteur, on ne le sait pas forcément. Mais au-delà de ces considérations un peu matérielles (mais qui vont quand même prendre une bonne partie de ton temps !), même au niveau du travail d’écriture cela me semble important de continuer à faire lire ses textes, à chercher des retours ou des conseils.