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Interview | Laura Piani (promo 2011)

Laura Piani, scénariste, co-scénariste de Temps de Chien, Grand Prix du Festival de la fiction TV de La Rochelle (1,13 millions de téléspectateurs sur Arte le 1er novembre).
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Laura Piani, scénariste, co-scénariste de Temps de Chien, Grand Prix du Festival de la fiction TV de La Rochelle (1,13 millions de téléspectateurs sur Arte le 1er novembre).

Laura a travaillé sur de nombreux autres projets, notamment au cinéma (Ménina), sur des unitaires (Ronde de Nuit), des séries françaises (Philharmonia, Engrenages) et internationales (Madame Reale, Walkyries) ainsi qu’une adaptation (Plan B).

Que retiens-tu de tes études au CEEA ?

J’y ai littéralement découvert les séries. Avant le CEEA, j’étais surtout cinéphile, j’avais commencé une thèse sur la crise du couple dans le cinéma de Bergman, Cassavetes et Rosselini, je n’avais jamais eu de télévision ! Grâce à des intervenants comme Judith Louis, j’ai découvert les grandes séries anglaises de la BBC par exemple. Je me souviens notamment d’une projection au FIPA, où j’ai vu la mini-série « Five Daughters » écrite par Stephen Butchard pour BBC one. J’ai eu une émotion immense, pour moi il y a tout dans cette série : une dramaturgie d’une efficacité incroyable, une éthique de travail très forte (tirée d’un fait divers, l’auteur a travaillé avec les familles de jeunes femmes assassinées) et une mise en scène d’une grande élégance.
Au CEEA, j’ai appris des outils, un métier en fait, et j’ai rencontré des scénaristes talentueuses avec qui je travaille aujourd’hui comme Hélène Bararuzunza et Gaëlle Bellan. Rien de plus précieux qu’une rencontre avec de vrais co-auteurs !

As-tu des sujets de prédilection ? Une préférence pour un format ? Un genre ?

C’est important pour moi de continuer à écrire pour le cinéma et la télévision. J’aime la différence majeure de temporalité, avoir vraiment le temps de penser et de vivre avec un scénario de long-métrage et le rythme industriel et frénétique de l’écriture de séries. J’aime ce déséquilibre.
J’ai beaucoup aimé écrire du polar pour la télévision mais j’ai de plus en plus envie d’écrire de la comédie, sociale, romantique ou dramatique. J’aime le mélange des genres et les règles du jeu qui changent : écrire un unitaire pour Arte, puis une comédie d’auteur pour le cinéma, puis un drame pour TF1 ! Je trouve que la richesse de notre métier de scénariste réside vraiment dans l’exploration des genres, des diffuseurs et des formats.
Au cinéma, c’est essentiellement des collaborations avec des réalisateurs qui initient les projets, je rejoins donc leurs univers. J’ai travaillé sur de nombreuses adaptations de livres. J’ai longtemps travaillé à la librairie Shakespeare & Co, j’ai eu une passion pour la littérature donc on m’a petit à petit associée à des projets d’adaptation. Ce qui me rend très heureuse.

Quelle a été ton expérience la plus marquante à ce jour ?

J’ai porté très longtemps un projet de série sur une famille algérienne à Marseille. Une histoire d’exil sur fond de tragédie familiale. C’était un 6x52’ puis c’est devenu un 3x52’ puis un 90’ pour France 3 : « Ronde de nuit » réalisé par Isabelle Czajka. C’est une expérience marquante car elle a permis ma rencontre avec Christine de Bourbon Busset, la productrice de Lincoln TV en qui j’ai trouvé une alliée inestimable. Une vraie productrice avec des convictions, du talent et une belle humanité. Et on s’est battues ensemble pour que cette histoire existe, pour tourner en Algérie... On attend la diffusion en 2020.

« Temps de Chien », l’unitaire pour Arte, a été une belle expérience aussi car c’était au départ un long-métrage qui a failli ne pas se faire, manque de financements. C’est finalement grâce à Arte qu’il existe. Et quand on a remporté le Grand Prix à La Rochelle, on était tous très émus du chemin parcouru.

De manière générale, toutes mes expériences ont été marquantes quand elles ont été nourries par de belles rencontres. Je crois vraiment que c’est avant tout l’expérience humaine avec des producteurs, des réalisateurs ou des co-auteurs qui marquent. C’est du temps de vie tout ça, c’est un travail collectif donc il faut être heureux de travailler avec des gens qui nous rendent meilleurs, qui nous font grandir. C’est un tel combat une série, un film ou un unitaire, qu’il faut s’entourer de gens de confiance et ça prend un peu de temps pour cerner avec qui et comment on veut travailler. S’il n’y a pas de vraies rencontres, j’oublie les projets...

Peux-tu nous raconter ton expérience sur tes projets à l’international ?

J’ai créé « Madame Reale », une série 8x52’ avec la scénariste anglaise Tara Mulholland en répondant à un concours organisé par la région du Piémont en Italie. Nous avons découvert l’existence d’une femme dont nous ignorions tout : Marie Jeanne de Savoie Nemours qui a eu un destin exceptionnel et dont on a voulu raconter l’histoire. Nous avons remporté le prix. C’est aujourd’hui une coproduction franco-italienne entre les Films d’Ici et Lume Production à Turin et nous sommes en discussion avec la RAI.

J’ai également écrit un épisode de la série 6x52’ "Walkyries" créée par Stéphane Pannetier et Julien Vanlerenberghe (deux scénaristes rencontrés au CEEA) qui est une coproduction franco-allemande pour TF1 international. Mais l’équipe d’auteurs était entièrement à Paris donc l’écriture s’est faite en français.
Je parle et j’écris en anglais et italien — je vais jusqu’au traitement, je n’ai pas la prétention de pouvoir écrire de bons dialogues dans une autre langue. J’ai été formée au script editing au Torino Film Lab et ça m’a permis de devenir consultante sur des films européens. J’ai également travaillé en Pologne et pour la TRT, la télévision nationale turque. Je vais commencer de nouvelles consultations à Bratislava en janvier 2020 pour la Pop Up Film Residency.
En tant que scénariste, ça me semble esentiel de comprendre comment on raconte des histoires dans d’autres pays que la France !

Quels sont tes projets à venir ?

Je termine l’écriture d’une série 6x52’ : « PLAN B », adaptée d’une série québécoise. J’ai co-écrit les six épisodes avec Hélène Bararuzunza pour TF1. La série est produite par Arnaud de Crémiers chez Gaumont, nous entrons en prépa et le tournage aura lieu en avril 2020.

Par ailleurs, j’adapte avec Gaëlle Bellan le roman de Martin Winckler « Le Choeur des Femmes » en 6x52’, série produite par Elephant.
Je développe une mini-série et une comédie romantique pour Christine de Bourbon Busset chez Lincoln TV.
Et je me lance dans une nouvelle aventure : j’ai écrit une comédie romantique, un long-métrage qui se passe entre la France et le Hampshire produite par Gabrielle Dumon, « THE BUREAU », que je vais aussi réaliser. C’est un projet très personnel, que j’ai envie de mener jusqu’au bout. Ce sera donc mon premier film.

Le 27/11/2019