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Interview | Deborah Hassoun (promo 2005)

Après un certificat en scénarisation à l’UQAM (Université du Québec à Montréal), Deborah Hassoun intègre le CEEA. Ses premières expériences professionnelles se font sur « CŒUR OCEAN »,« LA VIE DEVANT NOUS », lire la suite

Après un certificat en scénarisation à l’UQAM (Université du Québec à Montréal), Deborah Hassoun intègre le CEEA. Ses premières expériences professionnelles se font sur « CŒUR OCEAN »,« LA VIE DEVANT NOUS », « VIVE LA COLO »… Après avoir formé le collectif la "Mafia Princesse" avec lequel elle développe plusieurs projets de série, et un passage chez Epithète Films en tant que chargée de développement, elle réalise le court-métrage « NE DEMANDE PAS TON CHEMIN » diffusé sur OCS et multi-primé en festival. En 2020, elle revient à ses premières amours, la série ado, en dirigeant l’écriture de la saison 7 de « SKAM FRANCE ».

  • Que retiens-tu de tes études au CEEA ?

Avant le CEEA, je ne pensais pas être capable d’écrire autant ! Cette école m’a donné une grande capacité de travail et de rigueur. Elle m’a aussi préparée à la vie professionnelle car étant la plus jeune de ma promo, j’étais parfois en décalage avec mes camarades qui travaillaient déjà dans l’audiovisuel avant de passer le concours et avaient une vision très claire de notre métier alors que moi, je voulais juste écrire des séries, je n’avais pas de plan et je ne connaissais rien à ce milieu. Cela m’a permis de me poser les bonnes questions en sortant : sur quels projets persos j’avais envie d’investir de l’énergie et sur quelle série je voulais travailler sans aller contre ma nature ?

  • Raconte-nous ton expérience en tant que directrice d’écriture sur « SKAM FRANCE ».

Quand Carole Della Valle, la productrice, m’a proposé de diriger la saison 7, c’était pile un an avant la date du tournage. Et cette deadline était très réjouissante car je sortais d’une expérience de création de série pour TF1 qui n’avait finalement pas abouti, après trois ans d’écriture. J’ai aussi apprécié la liberté que Slash m’a laissée sur le choix du sujet et du personnage principal. L’atelier de deux mois, trois jours par semaine, avec mes quatre auteurs (dont deux du CEEA, Joël Nsita et Jordan Raux) a été très joyeux et productif. Ça fait 10 ans qu’avec mon collectif d’autrices, la "Mafia Princesse", on teste des méthodes d’écriture à dix mains, j’avais les outils et l’envie de les transmettre à de jeunes auteurs. Reprendre une série de cette envergure, c’est très confortable car c’est un cadre très clair dans la forme mais c’est aussi beaucoup de pression car je devais y apporter mon regard d’autrice et ne pas juste copier ce qui avait déjà été fait. On a beaucoup travaillé en atelier et après, dans les dialogués, sur la tonalité de la saison car j’avais envie d’instiller plus de comédie dans le drame. La nouvelle réalisatrice, Shirley Monsarrat, avait la même envie et nous avons pu bien en discuter en amont, c’était super qu’elle soit dans la boucle très tôt, on s’est beaucoup inspirées mutuellement.

  • « NE DEMANDE PAS TON CHEMIN », court-métrage que tu as écrit et réalisé, a remporté de nombreux prix en festivals. Est-ce que tu envisages de continuer sur cette voie en tant qu’autrice-réalisatrice ?

Oui !!! J’écris un deuxième court et j’ai un long dans les tiroirs que j’ai développé à l’atelier scénario de la FEMIS en 2014. Je n’avais pas envie de réaliser avant d’écrire ce long et j’écrirai toujours pour les autres mais la révélation c’est que j’ai beaucoup mieux supporté le stress du plateau que les angoisses de l’écriture ! Je pense que tous les scénaristes devraient réaliser une fois, même si c’est juste pour l’expérience. La direction d’acteur est pour moi la continuité directe du scénario, développer encore plus ses personnages, ses intentions. Réaliser a changé mon écriture. Grâce au montage, j’ai appris à enlever les fioritures, à aller plus vite au cœur de la scène.

  • As-tu des thèmes de prédilection que tu tiens à aborder dans tes projets ?

Je suis clairement obsédée par la complexité des relations mère/fille ! Les problématiques de femmes ont été invisibilisées pendant des années, pour des raisons sociales et politiques évidentes mais aussi parce qu’elles étaient associées au quotidien et donc à la chronique, qui est encore un peu un gros mot en France. Mais aujourd’hui, je suis heureuse de pouvoir aborder des sujets comme le déni de grossesse dans « SKAM » sans devoir le traiter en fait divers.
Tout ce qui tourne autour de la famille m’intéresse, les rapports entre frères et sœurs, la transmission des névroses, comment on surmonte les drames familiaux aussi.
Et j’aime aussi les histoires collectives, quand la force du groupe permet à l’individu de se dépasser.

  • Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un.e jeune diplômé.e du CEEA ?

Qu’importe la série sur laquelle elle.il travaille, commande ou création, je lui dirais de mettre de soi dans ce qu’elle.il écrit. Toujours trouver sa porte d’entrée dans le projet par son propre vécu. Et même si écrire est très chronophage, de ne pas oublier de lire des livres, d’aller au cinéma, au théâtre, d’écouter des podcasts, de voir des documentaires, d’écouter les gens parler dans la rue, de voyager (même si ce n’est que dans sa ville) et de s’intéresser aux autres. La curiosité est la plus grande force des scénaristes.